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Participation de l’OQACC au IXe Congrès international d’épidémiologie à l’Université Laval

En date du 18 août, l’OQACC a participé au 9e Congrès international d’épidémiologie qui se tenait dans les locaux du pavillon Ferdinand-Vandry de l’Université Laval.  Cet événement sous le thème « Épidémiologie et santé publique : union des forces en francophonie » a regroupé plus de 350 personnes de 24 pays. Pierre Valois, directeur de l’Observatoire a présenté l’Observatoire et ses réalisations depuis 2012 et Johann Jacob, professionnel de recherche a présenté une étude intitulée : « Mesurer et prédire l’adaptation aux changements climatiques dans les municipalités québécoises ». Pour plus de détails, consultez ces liens :

Article de la FMED: https://bit.ly/3Rxa16l

Lien vers la présentation Power Point: https://bit.ly/3DaEWkB

Travail collaboratif en adaptation aux changements climatiques entre l’OQACC, Ouranos et le Sustainable Solutions Lab de l’UMass Boston 

Un article sur le travail collaboratif entre l’OQACC, Ouranos et le Sustainable Solutions Lab at UMass Boston portant sur l’efficacité des instruments des politiques publiques pour l’adaptation aux changements climatiques au Québec, dans les provinces atlantiques et au Massachusetts a été publié par UMass Boston News.

Consultez l’article ici: https://bit.ly/3s26ySH

Présentation de l’étude: https://www.youtube.com/watch?v=MtBOY7t9UC8

 

Portrait du niveau d’adaptation québécoise aux changements climatiques des citoyennes et citoyens du Québec

Pierre Valois, directeur de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC) a présenté lors d’un webinaire organisé par l’Institut national de santé publique du Québec.

« Portrait du niveau d’adaptation québécoise aux changements climatiques des citoyennes et citoyens du Québec » peut être visionné ici: https://lnkd.in/d53ymq8B

L’adaptation des villes aux changements climatiques

Parce que les vagues de chaleur, les inondations et les aléas climatiques ne disparaîtront pas demain, comment les municipalités s’adaptent-elles à ces défis? C’est notamment ce qu’étudie Johann Jacob de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC), avec qui nous nous sommes entretenues.  |  Verdissement, protection des milieux humides, utilisation de matériaux poreux ou réfléchissant… Par la réglementation et l’aménagement du territoire, les municipalités peuvent faire beaucoup pour adapter nos milieux de vie aux impacts des changements climatiques et augmenter leur résilience. Et on s’en doute : l’agriculture urbaine est une solution prometteuse sur plusieurs plans.

Lien vers le podcast Mâche-Patate des Urbainculteurs: https://urbainculteurs.org/ep-72-adaptation-villes-changements-climatiques/

Portrait des allergies au pollen chez la population québécoise

L’arrivée du beau temps, même si toujours la bienvenue, marque également le début de la saison des allergies au pollen. Au Québec, un million de personnes souffrent chaque année de symptômes en découlant. Cet article vise principalement à présenter les résultats d’une étude réalisée en 2019 par l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC, 2021). Cette enquête a été menée dans l’ensemble des régions du Québec auprès de 1 659 personnes âgées de 18 ans ou plus et ayant déclaré avoir des allergies au pollen. Le but de l’étude est de documenter les comportements adoptés par ces personnes pour diminuer leurs symptômes d’allergies.

Situation au Québec

Au Québec, la saison des allergies au pollen débute dès la fonte de la neige, en avril ou en mai. C’est le pollen des arbres et des arbustes qui prédomine à cette période de l’année. De mai à juillet, il cède sa place au pollen des graminées, comme le foin et le gazon (Canuel et Lebel, 2012). Cette famille de pollen déclenche des symptômes chez près de 63  % des personnes qui ont des allergies au pollen. De la fin juillet jusqu’aux premiers gels vers octobre, c’est le pollen des mauvaises herbes qui est présent, surtout celui de l’herbe à poux. À cet égard, le pollen de l’herbe à poux déclencherait des symptômes chez près de la moitié (47 %) des personnes allergiques au pollen.

Selon l’enquête de l’OQACC, près de 57 % des personnes allergiques déclarent avoir des allergies à au moins deux des trois grandes familles de pollen (arbres, graminées ou mauvaises herbes). Ainsi, les symptômes peuvent perdurer sur une longue période pour une grande proportion d’entre elles. Dans la même veine, un peu plus d’une personne allergique sur cinq (23 %) rapporte avoir des symptômes pour ces trois familles de pollen présentes au Québec.

L’allergie au pollen, communément appelée «  rhume des foins  », est une réaction du système immunitaire qui se produit après une exposition à une substance normalement inoffensive, telle que le pollen. De l’histamine est alors sécrétée par certaines cellules du système immunitaire, soit les mastocytes, ce qui déclenche une inflammation permettant au corps

de se protéger de substances potentiellement dangereuses. Les symptômes de cette réponse du système immunitaire incluent de la congestion et de l’écoulement nasal, des éternuements et de l’irritation aux yeux.

Un lien avec les changements climatiques ?

En 2014-2015, l’Enquête québécoise sur la santé de la population estimait qu’environ un adulte sur sept (14 %) présentait des symptômes d’allergies au pollen (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2019). Avec les changements climatiques, des printemps plus hâtifs et des premiers gels plus tardifs sont prévus, ce qui allongerait la période de présence de pollen dans l’air et la durée des symptômes. Selon une étude réalisée à Montréal, la floraison de l’herbe à poux est d’ailleurs passée de 42 jours en 1994 à 63 jours en 2002 (Demers, 2013). On prévoit aussi des étés plus chauds dans toutes les régions du Québec, ce qui favoriserait la propagation de certaines plantes comme l’herbe à poux dans des régions où leur présence est encore peu abondante. Les personnes habitant ces régions, notamment celles un peu plus au nord, se retrouveraient exposées à de nouveaux allergènes et pourraient ainsi développer des symptômes d’allergies compte tenu de ces nouvelles expositions (Demers, 2013).

La pollution atmosphérique a aussi un effet sur les allergies au pollen. Par exemple, une concentration plus élevée en dioxyde de carbone stimule la croissance des plantes et la production de pollen. La population est ainsi davantage exposée à des concentrations plus élevées de pollen et risque de développer des allergies au pollen, en raison de la sensibilisation. Par ailleurs, les polluants de l’air comme l’ozone, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre, le dioxyde de carbone et les particules fines dégraderaient la structure des pollens, entraînant ainsi la libération des allergènes qu’ils renferment. Ils fragiliseraient les muqueuses nasales, rendant les personnes allergiques plus sensibles à l’action des pollens (Demers, 2013).

Effets des symptômes

Sur la base de la définition utilisée par l’initiative ARIA1, dont l’expertise porte sur les allergies au pollen et sur l’asthme (Klimek et al., 2019), les résultats de l’étude de l’OQACC montrent qu’un peu plus de la moitié (59  %) des personnes qui ont des allergies au pollen présentent des symptômes sévères. Parmi celles-ci, 58  % sont dérangées par leurs symptômes au nez et 52  % par ceux aux yeux, 40 % ont des troubles du sommeil, 36  % ont des troubles de concentration, 44  % ont des problèmes de productivité au travail ou à l’école et 34  % sont limitées dans leurs activités quotidiennes, de loisir ou de sport.
De plus, environ 29 % des personnes ayant des symptômes sévères ont déclaré être irritables ou de mauvaise humeur (toujours ou souvent) lorsqu’elles ressentaient des symptômes. Enfin, 7 % ont dû s’absenter du travail ou de l’école à cause de leurs symptômes.

Traitement et médication

Les symptômes d’allergies au pollen peuvent être soulagés de plusieurs façons, par exemple en suivant un traitement de désensibilisation, en prenant des médicaments ou en limitant son exposition au pollen.

Figure 1. Proportion de personnes ayant des allergies au pollen et qui adoptent des comportements pour réduire leurs symptômes ou leur exposition au pollen.

Le traitement le plus efficace reste le traitement de désensibilisation, surtout lorsque les symptômes d’allergies sont sévères. Il consiste à exposer régulièrement la personne allergique à de faibles doses d’allergènes, et ce, sur plusieurs années. Selon l’étude de l’OQACC réalisée au Québec en 2019 auprès de personnes ayant des allergies au pollen, 16 % des répondants suivaient un traitement de désensibilisation (figure 1) et près des trois quarts (71 %) trouvaient ce traitement très ou assez efficace pour diminuer leurs symptômes (figure 2).

Figure 2. Proportion de personnes qui perçoivent très ou assez efficaces les comportements qu’ils ont adoptés.

La médication est très souvent employée pour soulager les symptômes d’allergies au pollen. En effet, environ 79  % des répondants de l’étude de l’OQACC rapportaient avoir pris des médicaments pour soulager leurs symptômes d’allergies. Plus précisément, 54  % d’entre eux ne prenaient que des médicaments en vente libre, 8  % ne prenaient que des médicaments prescrits et 17  % consommaient les deux types de médicaments (figure 1). Parmi les personnes allergiques qui ont rapporté prendre des médicaments prescrits ou en vente libre, neuf sur dix déclaraient les trouver très ou assez efficaces pour diminuer leurs symptômes d’allergies au pollen (figure 2). Les résultats de l’étude montrent aussi que plus des trois quarts des répondants rapportaient que leurs symptômes étaient entièrement ou beaucoup soulagés par la prise de médicaments, que ceux-ci soient en vente libre (77  %) ou prescrits (86  %) (ces résultats ne sont pas illustrés dans les figures).

Il est aussi intéressant de constater que, chez les personnes qui ont rapporté prendre les deux types de médicaments, 89  % trouvaient les médicaments prescrits très efficaces (41  %) ou assez efficaces (48  %), comparativement à 78  % qui trouvaient les médicaments en vente libre très efficaces (29  %) ou assez efficaces (49  %) (ces résultats ne sont pas illustrés dans la figure 2). Les résultats indiquent aussi que les personnes qui prenaient les deux types de médicaments déclaraient en plus grande proportion avoir ressenti des effets secondaires (38  %) que les personnes qui prenaient uniquement des médicaments en vente libre (23  %) ou uniquement des médicaments prescrits (29  %). En effet, qu’il s’agisse de médicaments en vente libre (p. ex. antihistaminique) ou prescrits (p. ex. corticostéroïde nasal), des effets secondaires ont été relevés. Selon la littérature, les antihistaminiques, surtout ceux de première génération (p.ex. Benadryl), peuvent causer de la somnolence.

Un plan de traitement personnalisé demeure un des avantages de consulter un professionnel de la santé lorsque des symptômes d’allergies au pollen se font ressentir. À cet effet, parmi les 26 % qui ont indiqué avoir consulté un professionnel de la santé au cours des trois dernières années (figure 1), environ 79 % considéraient que cette visite médicale avait conduit de façon efficace à une diminution de leurs symptômes d’allergies (figure 2).

Réduire son exposition au pollen

Puisque les médicaments ne sont pas toujours efficaces et qu’ils peuvent occasionner des effets secondaires, les spécialistes recommandent que les personnes allergiques adoptent des comportements préventifs pour diminuer leur exposition au pollen. Les comportements qui sont généralement recommandés peuvent se faire à la maison ou lors d’activités à l’extérieur (Gouvernement du Québec, 2020). Il est notamment suggéré d’éviter d’aller à l’extérieur lorsque les concentrations de pollen sont élevées. Malgré cela, les résultats de l’étude de l’OQACC ont indiqué que seulement 20 % des personnes qui ont des allergies évitaient de sortir (figure 1).

Toutefois, des stratégies existent pour diminuer son exposition au pollen à l’extérieur, par exemple fermer les fenêtres de la voiture ou porter des lunettes de soleil, un masque à pollen ou un filtre nasal à pollen. Selon l’étude de l’OQACC, le port d’un masque ou d’un filtre nasal à pollen figure parmi les mesures les plus efficaces. L’étude a néanmoins montré que, bien que perçus comme les plus efficaces par les répondants, ces deux comportements étaient les moins souvent adoptés : seulement 6 % et 5 % des personnes qui ont des allergies portaient un masque à pollen et un filtre nasal à pollen, respectivement (figure 1). Soulignons que 77  % et 69  % des répondants qui ont utilisé le masque et le filtre nasal rapportaient le trouver très ou assez efficace pour diminuer leurs symptômes (figure 2).

À l’inverse, les résultats révèlent que, bien que le port de lunettes de soleil soit adopté par plus de la moitié (64  %) des personnes allergiques au pollen, seulement 32  % les trouvaient efficaces pour diminuer leurs symptômes. Effectivement, même s’il est possible que l’utilisation de lunettes de soleil permette de diminuer la quantité de pollen qui se dépose dans les yeux, leur efficacité dépend de plusieurs facteurs, dont la vitesse et la trajectoire
du vent. De plus, les lunettes ne sont pas efficaces pour atténuer les symptômes nasaux associés au rhume des foins.

En outre, bien que les spécialistes recommandent de fermer les portes et les fenêtres du domicile au moment de la journée où les concentrations de pollen sont élevées, l’étude indique que seulement 51  % des répondants le faisaient. La ventilation du logement est également conseillée lorsque les concentrations de pollen sont plus faibles, soit avant le lever et après le coucher du soleil. À cet égard, 20  % des répondants pensaient, à tort, que les concentrations de pollen restaient les mêmes tout au long de la journée; 11  % ont quant à eux rapporté ignorer ce fait.

La prise d’un bain ou d’une douche et le changement de vêtements immédiatement après avoir fait une activité extérieure sont d’autres comportements permettant de diminuer la quantité de pollen qui entre dans le logement. Ils ont été adoptés par 54  % et 43  % des répondants (figure 1), et 65  % et 64  % ont indiqué que ces comportements étaient efficaces pour diminuer leurs symptômes (figure 2).

Même si leur efficacité perçue par les répondants est bonne, d’autres mesures qui peuvent être appliquées à la maison ont été adoptées par moins de la moitié d’entre eux. Notamment, seulement 37  % se nettoyaient les voies nasales avec une solution saline et environ 49  % évitaient de faire sécher leur linge à l’extérieur lorsqu’il y avait des pollens. Parmi ces personnes, respectivement 79  % et 69  % trouvaient ces comportements très ou assez efficaces pour diminuer leurs symptômes. De plus, 46  % évitaient le contact avec d’autres irritants (p. ex. fumée de tabac, odeurs de bougie ou de parfum) (figure 1), et 69  % trouvaient cette stratégie très ou assez efficace (figure 2). Selon la littérature, ces substances peuvent aggraver les symptômes d’allergies.

Finalement, seulement 19  % des participants rapportaient consulter les prévisions polliniques (figure 1). Pourtant, ces prévisions permettent de déterminer le meilleur moment pour commencer à mettre en place des comportements préventifs. Toutefois, au Québec, seulement trois stations mesurent les concentrations polliniques pouvant rendre celles-ci moins précises pour certaines régions. Les spécialistes recommandent aussi de consulter les bulletins de pollution atmosphérique (comme les avertissements de smog), puisque ces épisodes de pollution peuvent exacerber les symptômes d’allergies au pollen. Ce dernier aspect n’a pas été mesuré dans l’enquête de l’OQACC.

En conclusion

Selon l’Enquête québécoise sur la santé de la population de 2014-2015, près d’une personne sur sept manifestait des symptômes d’allergies au pollen au Québec. Parmi celles-ci, moins de la moitié (44 %) avait reçu un diagnostic médical. Bien qu’une majorité des personnes ayant des allergies au pollen prenne de la médication pour diminuer leurs symptômes ou adopte des comportements préventifs pour diminuer leur exposition, plus de la moitié (59 %) ressentait tout de même des symptômes sévères d’allergies.

Les changements climatiques, incluant la pollution de l’air, influenceront probablement la prévalence des symptômes d’allergies au pollen et leur sévérité. Il serait donc pertinent que les gouvernements et les personnes œuvrant dans le système de santé agissent dès maintenant pour informer davantage les populations à risque sur les différents traitements disponibles. La sensibilisation des personnes allergiques aux comportements qu’elles peuvent adopter pour réduire leur exposition au pollen demeure essentielle.

Il ne faut pas oublier que l’ensemble de la population québécoise, allergique ou non, peut contribuer à réduire les quantités de pollen dans l’air. Des actions peuvent notamment être posées en contrôlant la croissance
de l’herbe à poux dans sa cour et en évitant de planter près de secteurs à risque (grande densité de population) des espèces de plantes, d’arbres et d’arbustes dont le pollen est allergène (p.ex. bouleaux, peupliers, frênes).

Source: https://climatoscope.ca/article/portrait-des-allergies-au-pollen-chez-la-population-quebecoise/

Vers des villes plus résilientes

Rémy Bourdillon – unpointcinq

Les municipalités sont aux premières loges de la gestion des répercussions des changements climatiques. S’adapter est non seulement une nécessité vitale, mais aussi un bon prétexte pour proposer un urbanisme plus durable.

Les villes québécoises seront (et sont déjà) confrontées aux conséquences du réchauffement. En été, les canicules, plus longues et plus fréquentes, seront amplifiées par les phénomènes d’îlots de chaleur. L’hiver verra davantage d’épisodes de verglas, dommageables pour les infrastructures et les propriétés. Et puisqu’on s’attend à des précipitations plus abondantes, des inondations seront à craindre, qu’elles soient dues au débordement de rivières ou au ruissellement de l’eau sur de grandes surfaces asphaltées ou bétonnées.

Depuis quelques années, de nombreuses villes ont recours au verdissement pour contrecarrer ces problèmes. Ainsi, les ruelles vertes apportent une fraîcheur bienvenue l’été à Montréal et à Québec. La végétalisation de surfaces autrefois minéralisées remplit le même rôle, en plus de capter les précipitations et de leur permettre de s’infiltrer dans le sol.

Ces « infrastructures vertes » ont l’avantage de se bonifier avec le temps, note Maxime Fortin Faubert, chercheur boursier de la Fondation David Suzuki qui a publié trois études cette année afin d’inciter les municipalités à agir pour s’adapter aux changements climatiques : « Plus un arbre vieillit, plus il capte d’eau et de CO2, et plus il a un effet significatif sur la réduction des températures. À l’inverse, le béton finit par craquer et coûter cher en entretien. »

Dans les zones côtières de l’est du Québec, en proie à l’érosion, la tendance est également à imiter la nature en rechargeant les plages avec du sable, parfois en utilisant des plantes pour éviter que ce dernier ne soit emporté par les vagues. Privilégiés dans le passé, les murs de protection en béton et les enrochements ont montré leurs limites : ils déplacent, voire aggravent le problème.

«En 2015, 26 % des gens qui habitaient en zone inondable ne le savaient pas. On aurait pu s’attendre à ce que ce taux baisse à la suite des inondations qu’il y a eu depuis, mais c’est l’inverse : en 2019, il était de 35 %!»

Pierre Valois, directeur de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques

On s’adapte dès qu’on commence à y penser

S’adapter, c’est avant tout chercher à limiter les vulnérabilités, c’est-à-dire les dommages potentiels en cas d’aléa climatique. Cela se fait notamment en prenant en compte la possibilité d’événements météorologiques toujours plus colossaux lors de la conception d’une route ou d’un quartier résidentiel, et en actualisant ces connaissances pour le bâti existant.

Malheureusement, au Québec, cela n’est pas (encore) systématique, constate le directeur de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC) à l’Université Laval, Pierre Valois : « En 2015, 26 % des gens qui habitaient en zone inondable ne le savaient pas. On aurait pu s’attendre à ce que ce taux baisse à la suite des inondations qu’il y a eu depuis, mais c’est l’inverse : en 2019, il était de 35 %! »

Sur une note plus positive, un grand nombre de municipalités font de l’adaptation aux changements climatiques sans même s’en rendre compte, explique Johann Jacob, doctorant en mesure et évaluation au sein de l’OQACC. « Si vous réfléchissez à faire une cartographie des zones inondables, ou si vous avez envoyé le personnel municipal suivre une formation sur l’aménagement durable du territoire, vous êtes déjà engagé dans une démarche d’adaptation. »

Les changements climatiques apporteront d’autres ennuis qu’on pourrait présumer ne pas être de compétence municipale, remarque Pierre Valois : « La période de pollinisation, qui cause des allergies, dure maintenant quasiment quatre mois, contre deux autrefois. Avant, il n’y avait pas de maladie de Lyme, mais les tiques ont migré vers le nord… » L’OQACC recommande de prendre en compte ces nouvelles réalités dans la conception des parcs, par exemple en plaçant les modules de jeu à l’écart des terrains boisés ou en retirant la végétation en bordure des sentiers de marche.

« En plus des rues, parcs et bâtiments publics, les municipalités peuvent aussi régir l’espace privé, notamment en adoptant une réglementation d’urbanisme qui encadre ce que les propriétaires peuvent faire sur leur terrain », ajoute la conseillère en aménagement et urbanisme pour Vivre en ville, Catherine Perras. Cela peut passer par l’adoption de normes de verdissement sur les terrains privés, ou l’imposition de certains matériaux de construction, comme les toits blancs, qui contribuent à réduire les îlots de chaleur.

Des résistances de toutes sortes

S’adapter est un réel impératif, puisqu’inondations et canicules menacent la sécurité de la population, aussi bien physique que mentale. Sur le plan financier, les coûts des dégâts causés par les changements climatiques sur des structures mal conçues deviendront à terme tout simplement prohibitifs.

C’est aussi la qualité de vie qui est en jeu : lorsqu’on doit démolir des maisons menacées par les inondations en Beauce, c’est toute une vie de quartier qui disparaît. « À Scott, il y avait un café et un dépanneur qui n’existent plus aujourd’hui et n’ont pas été réinstallés ailleurs », témoigne Catherine Perras.

Cela dit, l’adaptation n’est pas toujours un exercice évident. « Certaines problématiques, comme les inondations, sont régionales, puisque les bassins versants ne s’arrêtent pas aux limites des municipalités », souligne la conseillère de Vivre en ville. Il peut donc être vu comme futile d’agir si les villages voisins ne le font pas…

De plus, la rigidité des structures municipales est handicapante : les services de l’urbanisme, des travaux publics et des loisirs travaillent en vase clos, chacun avec son budget, alors que « les projets d’adaptation vont être multidisciplinaires par définition », rappelle Catherine Perras. S’il y a de plus en plus d’expertise sur le sujet (provenant notamment du consortium de recherche Ouranos et du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques), une petite municipalité peut éprouver quelques difficultés à obtenir des données sur les changements climatiques sur le plan ultralocal.

Réalité plus terre-à-terre encore : un conseil municipal doit toujours jongler avec des urgences et rencontrera souvent de l’incompréhension au moment d’engager des dépenses importantes pour faire face à une menace dont l’échéancier est flou. « Mettre ces questions à l’ordre du jour peut être un défi, car même si les gens se disent pour l’environnement, ils ne veulent pas que ça leur coûte trop cher en taxes, soutient Johann Jacob, avant de tempérer. Cela va peut-être changer à mesure que la préoccupation des électeurs grandira. » La campagne municipale actuelle est assurément l’occasion de le démontrer.

Changements climatiques : des pratiques innovantes présentées aux agriculteurs

Le Soleil – Roxanne Langlois

Une quarantaine d’agriculteurs de la région ont profité, mercredi, d’une journée d’initiation à de nouvelles pratiques aux champs visant à aider leurs entreprises à mieux faire face aux changements climatiques. Cette activité s’inscrit dans le cadre de la démarche Agriculture régénératrice de la Fédération de l’UPA de la Gaspésie-Les Îles. Deux entreprises qui sont accompagnées afin d’adapter leurs pratiques au phénomène, la ferme Capino de Caplan et la Bergerie du Margot de Bonaventure, ont accueilli le groupe d’agriculteurs. Biodiversité au niveau des plantes fourragères, systèmes de cultures de couverture, amélioration de la rotation des cultures : plusieurs alternatives visant à contrer les variations extrêmes causées par les changements climatiques ont été présentées aux participants. On vit des situations découlant des changements climatiques depuis quelques années et il y a des solutions qu’on peut amener aux agriculteurs en Gaspésie, mentionne Louis Pérusse, agronome et fondateur de SCV Agrologie. M. Pérusse a accompagné les deux fermes gaspésiennes hôtesses de la journée. Selon le spécialiste de l’approche agroécologique, l’activité de mercredi avait précisément pour but de présenter de nouveaux paradigmes de production en agriculture, susceptibles de semer des réflexions et des questionnements chez les principaux intéressés.»

De l’ouverture constatée

Pour le directeur général de la Fédération de l’UPA  de la Gaspésie-Les Îles, Guy Gallant, la sécheresse connue par les agriculteurs au cours des trois dernières années a contribué à les sensibiliser à l’importance de s’adapter aux changements climatiques. Oui, il faut qu’il y ait une modification [dans les pratiques], parce qu’acheter du foin ou manquer de foin tous les ans, ce n’est pas le fun, fait valoir le gestionnaire. Selon M. Gallant, la transition vers des pratiques s’adaptant au phénomène des changements climatiques va demander du temps en région, ainsi que des fonds. Ça ne se fait pas dans un claquement de doigts, admet-il, néanmoins optimiste quant à l’intérêt des producteurs gaspésiens.

Une ferme pionnière en la matière

Le propriétaire de la ferme laitière Capino de Caplan, Patrick Arsenault, a commencé à collaborer avec l’agronome Louis Pérusse en 2015. L’agriculteur est en quelque sorte un pionnier gaspésien en matière d’adaptation des pratiques aux changements climatiques. M. Arsenault se souvient très bien de son premier contact avec M. Pérusse. Ça a été une première rencontre assez bouleversante. Je faisais quand même une bonne job, mais il m’a amené à un autre niveau, à me questionner et à observer certaines choses, explique l’agriculteur. Un programme d’amélioration de la qualité des sols et du drainage a été entrepris sur les terres de la ferme de la Baie-des-Chaleurs. De la biodiversité a également été progressivement introduite au sein des plantes fourragères de l’entreprise. On a pratiquement doublé les rendements, ici, en cinq ans, note Louis Pérusse. Cette année, c’est vraiment impressionnant ce que j’ai réussi à faire, se réjouit quant à lui Patrick Arsenault, tout sourire.

Plusieurs effets à prévoir

Si la pluie se fait abondante cet été, cela ne signifie en rien que nos problèmes sont réglés, note Germain Babin, agronome et agent syndical de spécialités pour la Fédération de l’UPA de la Gaspésie-Les Îles. M. Babin note que plusieurs effets seront ressentis concrètement au cours des prochaines décennies et qu’il importe de s’y préparer. On va avoir des hivers un peu plus doux, donc ça veut dire des épisodes de pluie et de neige. On va peut-être avoir des gels plus tardifs. Il y a toutes sortes de phénomènes comme ça qui vont être cycliques, mais parfois les cycles vont être plus rapprochés. Guy Gallant ajoute pour sa part que des insectes inédits pourraient migrer vers le nord en raison des conditions météorologiques. Ça peut aussi être des plantes qu’on n’avait jamais vues qui vont apparaître, dit-il. La Fédération gaspésienne de l’UPA adhère par ailleurs à la démarche Agriclimat, qui regroupe toutes les régions du Québec. Un groupe de travail régional se réunira cet automne afin de cibler les principales problématiques vécues en Gaspésie et les mesures d’adaptation qui doivent être développées.

 

Source: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1814242/producteurs-gaspesie-upa-federation-ferme-capino-bergerie-margot

Peut-on mesurer nos succès en adaptation ?

L’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC) a participé à un panel de webinaires organisé par Ouranos, Futurs-ACT et le Réseau d’Expertise sur les Changements climatiques en Occitanie (RECO). Dans ce panel ont été abordés différents sujets d’intérêt commun pour la France et le Québec en matière d’adaptation aux changements climatiques. Le troisième webinaire intitulé « Peut-on mesurer nos succès en adaptation ? » portait sur la demande croissante pour développer des instruments permettant de mesurer l’atteinte des objectifs d’adaptation. Pierre Valois, directeur de l’OQACC, a présenté lors de ce webinaire un « État des lieux sur les défis particuliers du suivi et de l’évaluation en matière d’adaptation aux changements climatiques ». Dans sa présentation, il était question de la fidélité et de la validité des indicateurs en adaptation en regard de différents aléas climatiques parmi les thématiques de recherche de l’OQACC, tels que les îlots de chaleur, la maladie de Lyme, les inondations et les allergies au pollen.

Pour en savoir davantage : https://bit.ly/3xnqdNq