Radio Canada – Félix Morrissette-Beaulieu
Les personnes allergiques au pollen et le système de santé québécois ne sont pas au bout de leur peine quand arrive la saison de l’herbe à poux. Ce parasite pourrait incommoder des millions de personnes supplémentaires au cours des prochaines années. En ce début du mois d’août, la plante indésirable est forte en fleurs et produit du pollen, ce qui cause des irritations aux personnes qui y sont allergiques. Avec le réchauffement du climat et la concentration atmosphérique en CO2, les tests en laboratoire sont assez clairs : l’herbe à poux produira de plus en plus de pollen, prévient le biologiste et professeur à l’Université Laval Claude Lavoie. Il estime que le nombre de personnes touchées par le pollen en Amérique du Nord, comme en Europe où la plante a été importée, grimpera considérablement. En Europe, on estime que le nombre de personnes affectées par le pollen de l’herbe à poux passera de 30 millions de personnes à 70 millions d’ici 2050, ajoute le biologiste.
Vous pouvez vous imaginer le problème de santé publique que ça peut représenter.
-Claude Lavoie, biologiste et professeur à l’Université Laval
Selon le gouvernement du Québec, l’herbe à poux constitue la plus importante cause de rhinite allergique saisonnière dans tout le nord-est de l’Amérique du Nord et serait responsable d’environ 75 % des allergies aux pollens, affectant environ 1 Québécois sur 10. L’Association pulmonaire du Québec estime que les coûts associés à l’herbe à poux pour le système de santé se situent entre 157 et 240 millions de dollars.
Reconnaître l’herbe à poux
À la différence de l’herbe à puce, qui a des feuilles composées de 3 folioles [petites feuilles] pointues, l’herbe à poux a des feuilles vertes et grisâtres, minces, et très découpées. Elle ressemble à une feuille de carotte, selon l’horticole Larry Hodgson. Elle est souvent plus haute que l’herbe à puce. La tige verte ou rougeâtre est couverte de poils. Elle a une hauteur moyenne de 70 cm, mais elle peut mesurer jusqu’à 1,5 mètre ou 2 mètres, selon le lieu de croissance. L’herbe à poux n’a besoin que de lumière pour survivre et se retrouvera donc dans des endroits peu ombragés. On l’observe donc le long des rues et des trottoirs, des autoroutes, sur les terrains vagues, les terrains en construction et industriels, notamment. Il faut que ça soit dégagé, précise M. Hodgson.
Comment s’en débarrasser ?
Venir à bout complètement du parasite ne se fait pas sans effort, selon l’horticole. La plante peut vivre et revenir pendant 40 ans. D’abord, la plante est facile à arracher, explique Larry Hodgson. Tondre le gazon, ça va couper la partie haute de la plante et la plante n’arrivera pas à faire des fleurs, ajoute-t-il. Évidemment, pour le prévenir, il faut remplir cet espace-là avec d’autres choses, comme du gazon ou du trèfle, conclut l’expert du jardin. Il est aussi possible de recouvrir le sol par des matériaux inertes comme du paillis ou des copeaux de bois. L’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques s’est penché sur les actions entreprises par les municipalités québécoises en lien avec le contrôle de l’herbe à poux. Son étude réalisée auprès de 262 municipalités révèle que 50 % d’entre elles utilisent au moins une méthode de prévention contre l’herbe à poux. À Québec, l’organisme Craque-Bitume avec sa brigade herbe à poux réaliser une grande partie du travail. Depuis 2018, ce sont plus de 50 000 plants qui ont été arrachés par la brigade.